Si je vous demandais de traverser tout le pays pour vous rendre dans l’Ouest canadien, à fond la caisse, avec un seul plein d’essence, est-ce que vous accepteriez de relever le défi?
Bien entendu, vous trouveriez probablement ma demande franchement irréaliste.
C’est pourtant ce que de nombreuses personnes font chaque année en ce qui concerne la gestion de leurs vacances.
Seulement le tiers des Canadiens utilise tous leurs jours de vacances, et parmi eux, 28 % prennent moins de la moitié du temps qui leur est dû. Parmi ceux qui prennent des vacances, 54 % déclarent qu’ils n’arrivent pas ou qu’ils ne pensent pas être en mesure de décrocher complètement durant leurs congés.
Et cette statistique grimpe à 65 % chez les professionnels séniors qui ont davantage de responsabilités.
Travailler intensément pendant 48 voire 50 semaines et négliger de s’arrêter pour refaire réellement le plein n’est pas une stratégie réaliste en termes de gestion de santé globale.
Cette nécessité est d’autant plus criante chez les leaders; 82 % des cadres supérieurs ont signalé un surmenage typique du risque d’épuisement professionnel, et de ceux-ci, 96 % ont déclaré que leur santé mentale s’était détériorée. Il semble aussi exister une forte corrélation entre le nombre d’heures additionnelles travaillées (en plus des longues heures de travail habituelles des cadres supérieurs) et la détérioration de la santé mentale.
Faire halte avant de tomber en panne
La science est très claire; les vacances, les congés et les moments de repos sont essentiels à la santé globale. Ils permettent de refaire le plein au niveau physique pour évacuer la fatigue, refaire le plein d’énergie et stimuler notre système immunitaire et diminuent les risques d’épuisement. Au plan cognitif, ils favorisent la flexibilité cognitive, la concentration et la créativité. Au niveau émotionnel, ils diminuent le stress, augmentent le sentiment d’efficacité personnelle et la capacité d’introspection. Et au plan relationnel, ils contribuent à améliorer nos relations en permettant du temps de qualité avec nos proches.
Et plus les personnes sont occupées et sollicitées, donc plus le rythme de fonctionnement est rapide, comme c’est le cas pour les gestionnaires en général, plus elles ont besoin de se ressourcer pour éviter l’épuisement.
L’art de la décélération
Une voiture qui roule à 250 km/h ne peut s’arrêter instantanément.
La distance nécessaire à celle-ci pour s’immobiliser dépend de plusieurs facteurs, notamment l’efficacité du système de freinage de la voiture et la vitesse à laquelle elle roule.
Il en va de même si l’on veut arriver à décrocher sainement en vacances.
Voici trois grands principes de décélération prévacances qui vous permettront d’éviter le choc d’un freinage trop brusque ou l’impossibilité de vous arrêter, carrément.
1. Planifier
Pour partir en vacances la tête libre, il faut se mettre en action d’avance. Et plus vos responsabilités sont importantes, plus cela s’applique à vous. Ainsi, dès que vos dates de vacances sont confirmées, informez vos collègues, votre équipe et toutes les parties prenantes de votre absence pour qu’ils puissent se préparer en conséquence. Et commencer dès lors à poser de petits gestes concrets qui indiquent clairement votre absence à venir.
Par exemple, ajoutez les dates de vos vacances dans votre signature courriel et dans votre messagerie vocale plusieurs semaines avant votre départ.
2. Prioriser
Le piège dans lequel plusieurs leaders tombent est d’accélérer la vitesse et l’intensité d’exécution avant de partir afin de régler le plus de dossiers possible… et ainsi arriver en vacances à la vitesse grand V, état d’esprit idéal pour avoir de réels enjeux à décrocher. Alors, au lieu d’accélérer, comment pouvez-vous ralentir un peu quelques jours avant votre départ? Cela peut sembler contre-intuitif, mais commencer à lâcher prise avant de partir facilitera votre lâcher prise pendant votre absence.
Pour y arriver, il faut absolument prioriser ce que vous choisirez de faire ou non avant de partir. Y a-t-il des tâches à reporter ou annuler avant votre départ? Aussi, afin d’éviter de devoir vous mettre le nez dans la gestion de dossiers prenants de dernière minute, 1 ou 2 jours avant votre départ, activez votre message d’absence en avance pour vous assurer de ne pas être trop sollicités. Cela vous permettra de régler les derniers détails en douceur.
3. Déléguer
Au-delà de la délégation habituelle des tâches auprès des personnes compétentes, un élément qui tend à créer de l’inquiétude chez les leaders pendant leur absence est la gestion des urgences. Que se passera-t-il si quelque chose de majeur ou de grave survient pendant que je ne suis pas disponible?
Pour y remédier, mettez en place une stratégie spécifique de gestion des urgences. Faites le tour des situations problématiques potentielles, clarifier les procédures pour y faire face le cas échéant et identifier une personne de confiance responsable de prendre la situation en charge le cas échéant. Avoir un bon copilote fait aussi partie des solutions pour décrocher sainement.
Reprendre la route, lentement.
Les stratégies de décélération énoncées ici s’appliquent tout autant à votre retour. Maintenir celles-ci en place les quelques premiers jours de reprise du travail vous permettront d’accélérer en douceur et de profiter plus longuement des bienfaits de vos vacances.
Références:
Résultats d’une étude d’APD Canada citée par Jackman-Atkinson, K. (2018). « It’s About Time: Canadians Not Taking Advantage of Full Paid Vacation ». Neepawa Banner & Press. Article consulté le 2 avril 2019 sur le site https://www.chrisd. ca/2018/05/21/vacation-time-canada-workers/#.XKQQGy3MylN
Glassdoor. (s.d.). Professionals can't fully unplug on vacation. Récupéré de https://www.glassdoor.com/research/professionals-cant-fully-unplug-on-vacation/
LifeWorks. (s.d.). Mieux-être et résilience des cadres supérieurs. Récupéré de Mieux-être et résilience des cadres supérieurs | TELUS Santé (auparavant Solutions Mieux-être LifeWorks)